un vacarme de vaiselle

J’ai perdu la raison dimanche dernier, le vent emportait les tuiles dans un vacarme de vaisselle et avec Xavier mon vieux foxterrier et la petite colline la fille que la voisine m’avait collé dans les pattes sans me laisser le temps de réfléchir, j’attaquais mon troisième paquet de cigarettes en allant à la pharmacie du boulevard Rondel chercher un peu de bicarbonate pour mes aigreurs d’après-midi quand en regardant ma boussole je me suis aperçu que le nord avait disparu et qu’il m’était impossible de retrouver mon chemin là au milieu de toutes ces rues et ces avenues qui se ressemblaient maintenant sacrément à bien y regarder alors de rage j’ai jeté la boussole et devant l’inquiétude de la gosse et du chien qui regardait l’objet rouler dans le caniveau j’ai avoué que j’avais perdu la boule mais qu’on allait surement trouver une solution et qu’il ne fallait pas s’énerver et encore moins pleurer ou aboyer parce que là ça n’allait certainement pas arranger la situation et que la seule chose que ça allait faire c’est attirer l’attention sur nous et que si quelqu’un apprenait qu’on avait perdu le nord et la boussole c’est sûr que des gens voudraient nous enfermer que personne ne pourrait nous retrouver avant longtemps alors je me suis mis à leur raconter des histoires pour passer le temps mais au bout de deux jours je ne sais plus quoi inventer et j’ai peur de ce qui pourrait bien arriver si les mots d’un seul coup s’arrêtent, si il y a un petit peu de silence et puis que ça devienne de plus en plus grand comme un trou là au beau milieu, un trou de silence, un énorme trou de silence.