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Le ciel était gris, le ciel était bas mais la température plutôt douce pour la saison. L’hiver ne semblait pas pressé et moi non plus d’ailleurs. J’avais pris depuis quelques temps déjà, au moins trois mois, l’habitude de traîner au lit et je n’avais pas d’autres objectifs que de rêvasser à longueur de journée depuis ce stupide accident qui me privait de ma main droite plus longtemps que je ne l’avais imaginé. Et j’avais depuis trois mois une appréhension tenace à retrouver les bons et loyaux services de cette main droite malgré les efforts attentionnés de mon kinésithérapeute et bien que je regagnais millimètre par millimètre une souplesse que je croyais perdu à tout jamais, la force me manquait singulièrement. Cet état suffisait à me replonger dans un abandon total à la paresse et au pessimisme. Aussi lorsque ma femme revint tout excitée du marché aux fleurs en m’annonçant qu’elle avait enfin trouvé le pépiniériste qu’elle cherchait depuis longtemps, je me couvris la tête avec les draps et fit semblant de dormir. Je ne voulais pas sortir du lit et puis de toute façon dans mon état je n’étais bon à rien, d’ailleurs ma main recommençait à me tirer et machinalement je la glissais sous mon corps, à plat ventre dans le lit, pour la protéger d’une agression extérieur possible du à mon inattention actuelle aux choses de ce monde. Rien à faire, je  connaissais ma femme et je savais qu’elle m’attendait à la pelle et la bêche pour creuser les trous des arbres qui emplissaient le coffre de la voiture. Rien à faire j’étais bon à rien avec  cette foutu main et puis avec ce temps et puis j’avais encore mal dormi et puis le kiné m’avait dit que la seule chose que je pouvais faire c’était de commander : à droite, à gauche, ici, là, oui voilà… c’était la seule chose que je pouvais faire. Je lui avais dit qu’on voyait bien qu’il ne connaissait pas ma femme. Impossible de travailler ensemble sans s’engueuler parce qu’on voulait commander tous les deux et ça, ça ne marche pas, ça ne marche jamais. J’en étais là à faire semblant de dormir et à écouter les bruits du petit déjeuner qui montait de la cuisine en étirant mes jambes et mes bras, en prenant toute la place sur le matelas en 140. J’adore faire ça, c’est un peu comme si je retrouvais les joies de la vie de célibataire juste en profitant de toute la place dans le lit. J’en étais là à me demander combien de temps encore je pourrais traîner comme ça à ne rien faire quand j’ai entendu les petits pas d‘Anatole dans l’escalier. Elle l’avait envoyé me sauter sur le ventre.

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